Commencé à l'aube de ses quatre-vingts ans, achevé jour pour jour cinq ans plus tard, ce portrait du musicien Manu Dibango, infatigable défenseur du mélange des cultures, nous entraine sur trois Continents. Rythmé par une diversité d’échanges et les convictions de personnalités, ce portrait sensible et pudique est parsemé de moments de grâce musicale où le Grand Manu fait jaillir de son saxo des instants d'émotion pure.
De Yannick Noah - qui l’appelle Tonton Manu – à Charlélie Couture en passant par Ray Léma, leurs témoignages nous dévoilent les multiples facettes de cet amoureux de l’Art avec un grand A.
« Joyeux Anniversaires »
Manu Dibango a quatre-vingts ans. Souriant comme un gosse, il souffle les bougies sous les applaudissements. Une heure et demi plus tard, il a quatre-vingt-cinq ans.
Entre ces deux anniversaires, les réalisateurs se sont attachés aux pas de ce géant débonnaire et souriant pour qui l’expression « la force tranquille » semble avoir été inventée.
Compositeur, musicien, journaliste, ambassadeur de la Francophonie, honoré et distingué partout dans le monde, Manu Dibango reste égal à lui-même où qu’il se trouve. Aux grands de ce monde, il parle sans flagornerie, et s’adresse aux humbles avec respect, sans aucune condescendance.
Pendant ces cinq années , de Paris à Douala, de Kinshasa à Rio, de New-York à Saint Calais, petit village de la Sarthe où il a passé une partie de son enfance, Manu Dibango sillonne le monde à la rencontre de ses frères humains, curieux, ouvert, joyeux, intègre et bienveillant.
« Un rêve plus grand que lui »
Le passé, il l’évoque parfois, mais la nostalgie n’y a aucune place. Manu Dibango est un homme du présent, un homme en mouvement, qui porte un rêve plus grand que lui : celui d’être un trait d’union entre les cultures, entre les générations, entre les continents. Ses racines multiples racontent sa vision du monde, celle du mélange, des horizons qui se croisent et s’enrichissent, des cultures qui s’épousent pour accoucher d’un monde plus généreux, plus humain.
On peut être à la fois chaleureux et pudique. Pour le raconter, il y a ceux qui l’aiment et qui l’entourent, ceux qui l’ont croisé et qui ne l’oublieront jamais.
De Yannick Noah - qui l’appelle Tonton Manu – à Charlélie Couture en passant par Ray Léma, leurs témoignages nous dévoilent les multiples facettes de cet amoureux de l’Art avec un grand A. L’art dont il dit que c’est tout ce qui reste après l’homme : « Après tout, qui se souvient de qui était ministre au temps de Beethoven ? Personne. Ce qui reste, c’est l’œuvre de Beethoven ! »
« Derrière chaque note, il y a l’Afrique »
Manu Dibango est un homme pressé qui sait prendre son temps. Le film est à son image, laissant place à de longues plages musicales, répétitions, concerts, improvisations, moments de partages avec des frères en musique, instants de grâce où la voix unique de son saxophone swingue, s’envole, se déhanche, exulte ou murmure comme une confidence.
Son amour du mélange s’exprime aussi dans sa pratique : cet aventurier de la musique continue à défricher des espaces inexplorés. Il travaille désormais à marier sa musique avec celle d’un orchestre symphonique, contribuant à rapprocher deux mondes qui de tout temps s’étaient ignorés.
Encore et toujours, cette quête incessante du partage, de la mise en commun des trésors culturels du monde, parce qu’une bonne fois pour toutes, « il faut cesser d’être seuls ensemble »...