Les fans de Queen le connaissent car l’un de ses dessins, « le jongleur des mondes », inspira la pochette du dernier album du groupe, Innuendo. Certains pensent que cette image inspira aussi la fameuse scène du Dictateur, de Charlie Chaplin.
Son auteur, Grandville né en 1803, est d’abord un caricaturiste engagé, farouche défenseur de la liberté de la presse qui critiqua les derniers temps de la royauté avec beaucoup de mordant. Cet enfant de la Révolution française, ami de Balzac, s’attira en effet les foudres de la censure en caricaturant Louis-Philippe et ses méthodes répressives. Dégoûté du dessin politique, il se tourne ensuite vers l’illustration de grands classiques comme Les Fables de la Fontaine, Robinson Crusoé ou les Voyages de Gulliver. Mais la perte de sa première femme et de ses enfants le pousse à s’isoler toujours plus. Ses derniers dessins célèbrent la nature, le rêve et illustrent son rejet des valeurs matérialistes de son époque. Or l’époque de Grandville résonne avec notre monde et le talent de nos caricaturistes pour nous éclairer sur nos politiques.
Le voyage dans l’univers fantasmagorique de ce dessinateur visionnaire est mené par ses propres personnages, en particulier par l’Eléphant, une de ses créations anthropomorphes. Entre prises de vues réelles et animation, entre passé et présent, le film met en lumière la puissance et l’actualité de l’œuvre de Grandville.