Jean, 40 ans, divorcé, retrouve ses deux enfants pour un week-end de randonnée qu’il a lui-même organisé et qui ne se déroulera pas aussi bien que prévu. UN GRAND BOL D’AIR PUR est un récit d’aventure, sans aventurier. En arrière-plan de cette histoire se dresse le portrait d’un père de famille, divorcé, pris dans un engrenage et dépassé par les évènements qui s’enchainent implacablement.
Jean ressemble à ces hommes qui n’ont pas su, ou pas pu, s’inscrire dans un schéma familial traditionnel. C’est un père "à sa façon" représentatif de ce que certains décrivent comme le "complexe de Peter Pan" et de la difficulté pour un adulte de vivre dans un monde d’adulte. Toujours amoureux de son ex-femme, il tente avec maladresse de prouver et d’incarner son statut de père, sans pour autant y parvenir. Inconscient, il se tend à lui-même les pièges qui démontreront son incapacité à faire face à ses responsabilités. En quelque sorte Jean, ouvre sa boîte de Pandore, confirmant ainsi ce qu’il a toujours été, un homme attachant, mais immature.
A la fois auteur de son désarroi et victime d’une forme de maladresse existentielle, Jean est par ailleurs complexé par son statut social et la rivalité que cela implique avec le beau-père de ses enfants. Il est également frustré par l’échec de son mariage, qui le sépare temporairement de ses enfants.
Il s’agit d’un film d’aventure dans lequel les protagonistes sont livrés à eux-mêmes dans une nature hostile. Cependant les obstacles que rencontrent les personnages cristallisent bien plus qu’un basic instinct de survie. Ils mettent en lumière la détresse d’un père, qui risque de perdre le peu d’estime de soi qui lui restait et le mince espoir de renouer avec la mère de ses enfants.
Au plus près des personnages et de leurs enjeux, la construction permet d’établir un crescendo narratif, en exploitant les multiples péripéties qui se dressent devant eux. Une des sources d’obstacles étant la nature elle-même, qui se referme comme un piège sur les personnages.
Malgré ce parti pris, l’humour est présent dans le scénario, pour ne pas sombrer dans le drame social et l’austérité d’un sujet de société. C’est cet humour, un peu décalé, qui replace le récit dans un espace cinématographique, qui permet d’associer la dimension spectaculaire et romanesque d’un film d’aventure et l’espace plus intime d’un portrait. Jean fuit la réalité par l’humour ; c’est aussi un supplément d’âme pour ce personnage qui ne fait plus la part des choses.