Ischia, île méditerranéenne dans la baie de Naples. C'est ici que Luchino Visconti, réalisateur italien, décide d’installer dès 1945 sa villa d'été La Colombaia. Un an après, en 1948, il tournera son chef d'œuvre La Terra trema (La Terre tremble), film polémique qui dénonce ouvertement les conditions sociales des classes les plus défavorisées.
La magnificence sauvage de l'île d'Ischia, la nature restée intacte, la présence de la mer et son bercement continuel, lui serviront toute sa vie, de 1947 à sa mort en 1976, de lieu de refuge et d'inspiration. C'est à La Colombaia que le monstre sacré du cinéma italien, directeur de théâtre, metteur en scène, écrivain, viendra se ressourcer. Il aimait s'y retrouver, seul ou avec des amis, pour partager, savourer le goût de la liberté et de l'élégance, trouver l'inspiration, aimer et créer.
En réponse de sa quête perpétuelle et assidue de beauté la Villa semble lui avoir offert, un antidote à la décrépitude du temps qu'il a toujours cherché dans ses films à saisir et raconter.
Que reste-t-il de l'Ile d'Ischia et de la Villa ? Que restent-ils de ses paysages dans lesquels Luchino Visconti, icône du cinéma, a tant vécu et rêvé ? Lui qui déclarait, faisant sans doute et malicieusement référence à l'Italie de son époque, qu' « il ne fallait jamais s'arrêter de construire sa maison... » Que reste-t-il de ses proches, de ceux qui comme lui ont résisté au fascisme et à son retour toujours possible et menaçant ?
Le film ira à la rencontre de ce lieu mythique, à travers le vide de la villa et de ses murs abandonnés, décrépis et pourtant encore présents, suggestifs du bouillonnement des idées, et des projets élaborés dans cet endroit. C'est en retournant sur l'Ile d'Ischia, en retrouvant la maison telle qu'elle est aujourd'hui, en la faisant revivre telle qu'elle était à l'époque de Visconti, grâce aux images du présent, aux documents d'archives, et en faisant des liens avec l'esthétisme de ses films, que nous découvrirons le cinéaste sous un jour singulier.
C'est aussi grâce à la parole de ceux qui l'ont connu et aimé, ou en interrogeant les collaborateurs et amis de Luchino Visconti que Morena Campani réalisatrice engagée et auteure du film poétique Tutto Bianco où elle interrogeait déjà l'œuvre d'Antonioni, fera résonner les murs de la Villa inspiratrice et refuge, et resurgir certains épisodes importants du passé.