Opéra-comique en 2 actes écrit par Aldo Brizzi – Enregistré à Alessandria (Italie) en septembre 2021

Jelin, un berger, est guidé par une étoile jusqu’à la grange où un couple, Marie et Joseph prend soin de son enfant qui vient de naître. La crainte s’empare de tous lorsqu’ils apprennent que le roi Hérode veut tuer tous les nouveaux-nés…Le personnage de Jelin est apparu au moyen-âge dans les tout premiers « mystères sacrés », ces représentations théâtrales de Noël chantées sur le parvis des églises de Savoie, dès le XVème siècle. Cet art du théâtre sacré populaire, parfois joué en français, parfois en latin, parfois en patois piémontais, est né au sein de la culture franco-piémontaise, bien avant la création de l’Italie moderne au XIX° siècle.

Le personnage de Gelindo/Jelin, n’a depuis jamais cessé d’exister dans la culture populaire du Piémont à l’instar de personnages de la comedia dellarte tels que Pulcinella ou Arlequin dans d’autres régions d’Italie. Être un « Gelindo » est même devenu une expression populaire italienne pour désigner un homme incapable de prendre une décision, tel notre héros, appelé par la grande histoire biblique et cependant rattrapé par ses obligations du quotidien.

Jusqu’au XX° siècle, dans le Piémont, chacun se souvient d’avoir assisté, enfant, à ces soirées théâtrales populaires comiques jouées à Noël devant au large public populaire. Umberto Eco mentionne lui-même sa participation à ces représentations théâtrales. Et c’est justement la rencontre entre Eco et Brizzi en 2004 qui a servi de déclencheur au projet d’opéra de ce dernier. Aldo Brizzi a pensé son opéra de sorte que l’ADN résolument populaire de Jelin soit fidèlement respecté.

La musique de l’opéra trouve ainsi ses inspirations dans les musiques populaires du Piémont, la barcarolle en premier lieu, ou la Habanera. Le livret, quant à lui, respecte à la lettre la tradition narrative liée à Jelin. Le personnage est traditionnellement celui du premier berger à découvrir Jésus dans l’humble étable de Joseph et Marie. La dimension comique du personnage de Jelin, tiraillé entre l’appel du divin et les « galères » du quotidien de sa vie profane est au cœur du projet. Rappelons également que l’art du mystère sacré, qui fut à l’origine chanté dans les églises et sur leurs parvis, peut être considéré comme l’ancêtre direct de l’oratorio en opéra.