Sacha Guitry avait fait de lui un metteur en scène loufoque au commencement de sa carrière, et cinquante ans plus tard, Alain Resnais fit de lui une concierge, pour fermer élégamment la porte. Entre temps, Darry Cowl, poète agité et lunaire, a joué 140 films, 30 pièces, en a écrit et dirigé beaucoup d’autres, composé la musique de 10 films, d’une comédie musicale, enflammé 20 émissions de télévision. Jusqu’au bout, il a joué du piano, il a joué la comédie, il a joué avec nous et réveillé notre esprit d’enfance. Il nous étourdissait pour s’étourdir et ne plus penser aux chagrins de l’enfance.
Né dans une famille de notable basque, élevé par la femme de son père qui joue avec amertume le rôle de sa mère afin de masquer la faute d’un mari qui aurait fauté avec une jeune demoiselle que Darry ne rencontra jamais. Il jouait aussi, beaucoup, au casino. Aussi frénétiquement qu’il jouait devant les caméras, il jouait devant les tables de roulette, où il avait appris la véritable politesse, celle qui vous fait sombrer en un seul coup de boule dans la ruine, sans perdre le sourire, en vrai dandy. Il avait envers nous, le public, une véritable courtoisie. Celle de n’ennuyer jamais. De ne se laisser, malgré tout, jamais tomber dans la tristesse. De toujours se montrer de plus en plus fou, pour nous cacher que la vraie vie n’est vraiment pas raisonnable.