En avril 2010, j'ai suivi l'équipe nationale de rugby d'Arménie lors d'un voyage à Yerevan. Cette équipe est composée pour sa grande majorité de joueurs issus de la diaspora arménienne française. Entre l'imagerie historique transmise par les grands-parents et la réalité de l’Arménie d’aujourd’hui, il y a eu 70 ans de communisme...

J’articule mon film autour de joueurs français issus de la diaspora qui composent l’équipe et qui disputeront deux matchs en Arménie comptant pour le championnat d’Europe de rugby amateur. Ce sera l’occasion de filmer de l’intérieur l’organisation de cette sélection mais aussi de mieux comprendre leurs rapports avec les arméniens locaux.
Considéré comme une activité bourgeoise et décadente par le soviet suprême arménien et comme une nouvelle bizarrerie venue de l’occident par le peuple, le rugby en Arménie est arrivé dans les années 60. Au milieu des années 90, « les années noires », la pratique du sport devient marginale, le plus important à l’époque étant de trouver à manger, de quoi se chauffer et s’habiller.
Il faut attendre 2002 et la volonté de la diaspora arménienne française pour créer une sélection nationale de rugby.
Depuis, de nombreux échanges se font mais, fait unique dans l’histoire du sport, l’équipe nationale se retrouve composée uniquement de ressortissants d’un pays étranger !
Les instances internationales du sport autorisant à jouer pour son pays d’origine jusqu’à la 3ème génération, le défi qui est posé à cette équipe est d’intégrer rapidement de jeunes arméniens car la majorité des joueurs français est issue de cette fameuse 3ème génération.
Ce voyage d’une quinzaine de jours que je vais filmer ainsi que les deux matchs qui l’accompagnent (l’un contre l’Andorre, l’autre contre la Serbie) sera l’occasion de mettre en perspective les attentes de chacun.
Je vais tenter à travers cette équipe, de faire une photographie et une analyse des différentes composantes de la diaspora française et des échanges qu’elle entretient avec les Arméniens d’Arménie. Entre le défi sportif, et l’action de développement que tentent de mettre en place les membres de l’association, nous assisterons à la complexité de l’échange et au long chemin qui reste à parcourir pour se comprendre.